21/11/18
Ses jambes lui font mal et elle éprouve de grandes difficultés à marcher à cause d’une tension nerveuse. Malgré cela, elle marche près de 3 km jusqu’à son école primaire “Al Om”, dans la délégation de Jelma à Sidi Bouzid, défiant toutes les circonstances pour pouvoir étudier.
Elle a 11 ans, et elle s’appelle Nour Abdellaoui. Multi-handicapée, elle suit ses études en cinquième année et vit dans la région de Ghdir El-Zitouna, dans la délégation de Jelma.
Kashf Média lui a rendu visite à l’école et à son domicile, pour mieux connaître sa situation familiale et mettre en lumière sa condition.
Avec des résultats scolaires qu’elle qualifie de “mauvais”, Nour aimerait vivre dans de meilleures conditions et recevoir le soutien de ses enseignants. La fillette a aussi parlé de ses problèmes familiaux, de ses préoccupations, de ses rêves et de ses aspirations.
J’aimerais prendre des cours particuliers pour améliorer mes résultats, et que mon père ait un travail.
Composée de 6 membres, la famille de Nour vit dans des conditions sociales pénibles. Sa mère travaille comme saisonnière dans des exploitations agricoles, et son père est un travailleur journalier qui souffre du chômage en raison du Covid-19.
Parfois, certains automobilistes emmènent Nour à l’école sur leur chemin, mais elle se retrouve aussi souvent obligée de parcourir à pied toute la distance pour pouvoir assister à ses cours.
Depuis la propagation du coronavirus, ses conditions familiales – déjà difficiles – se sont empirées. Son père est resté au chômage pendant plusieurs mois consécutifs, et a pu bénéficier d’une aide financière de 200 dinars accordée aux familles à faible revenu. Néanmoins, il a été incapable d’obtenir la deuxième aide financière de 300 dinars, versée à un certain nombre de familles pour la rentrée scolaire. Pourtant, il comptait utiliser cette somme afin d’acheter des fournitures scolaires pour ses enfants.
Le père de Nour a demandé l’intervention des autorités concernées en réclamant l’aide réservée aux personnes dans des situations de handicap, pour l’aider à améliorer ses conditions sociales difficiles et répondre aux besoins de sa fille malade.
Faouzi Ghozlani, un activiste de la société civile locale spécialisé dans les situations des personnes handicapées, déclare à Kashf Média que
la situation de Nour Abdellaoui, qui souffre de difficultés entravant sa mobilité et son enseignement, et l’absence de soutien économique à laquelle sa famille fait face sont caractéristiques de nombreuses administrations. D’autant plus que, d’après Faouzi Ghozlani, ces problématiques sont censées être sous la responsabilité des autorités concernées, qui auraient dû intervenir et trouver des solutions pour améliorer la vie de Nour et de sa famille.
Les enfants en situation de handicap dans la ville de Jelma souffrent beaucoup plus que leurs pairs dans les grandes villes, en raison d’un manque de structures d’accueil et de prise en charge. L’État aurait dû appliquer les lois relatives à ces personnes, au moins pour assurer des conditions de mobilité appropriées pour ces enfants, et le respect de leur droit à l’enseignement.
Dans toute la délégation de Jelma, il n’existe qu’une seule association qui soit spécialisée dans le suivi des personnes en situation de handicap, rappelle Ghozlani, mais elle n’apporte pas assez de soutien sur le terrain. Nour Abdellaoui, quant à elle, doit souffrir et parcourir de longues distances douloureuses pour arriver à l’école.
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